La tribu des Hadjouts
18 ans aprés la colonisation de l'Algerie par la France, à l'ouest de la Mitidja la ville de MARENGO est née (1848) et devint HADJOUT, après l'indépendance, nom qui lui fût donné en hommage, à la (tribu des HADJOUTS) peuple qui lutta vaillamment de 1830 à 1848 contre le colonialisme Français. Le territoire non defini mais qui correspondait à la région de l'Algérie septentrionale à l'Ouest d'Alger qui comprend, outre la zone côtiére située de l'Oued MAZAFRAN et l'Oued NADOR (Desaix), l'Ouest MITIDJA et la chaîne du Sahel occidental.
La ville de Marengo fût bâtie sur un rectangle parfait de 740m sur 600m, comptant quatre grands quartiers quadrillés par des rues qui se coupent à angle droit.
Parmis les anciennes constructions encore parfaitement conservées, la plus belle et la plus caractéristique est sans conteste le KIOSQUE à musique (appelé communément BAL) qui se dresse au centre du square. Réalisée, à l'imitation des Kiosques à musique des palais Ottomans d'Istanbul, en Turquie, cette construction (photo de la page d'acceuil), de pur style oriental, n'a donc rien de colonial. Est-il besoin d'ajouter que le mot "kiosque" vient du mot turc "kosk"?
COULEURS:
Le bleu symbolise le lac Halloula dont les eaux parvenaient jusqu'aux limites est et nord-est de la ville.
Le rouge symbolise le sang de nos martyres
Le vert représente l'espoir
l'or incarne les richesses de la région
REPRESENTATIONS:
Le turban et le burnous représentent la tribu de Hadjout
Les arbres symbolisent la forêt de Hadjout ( sidi slimane)
Le yatagan représente l'arme préférée des "Hadjoutis"
La grappe de raisin rapelle l'ancienne vocation viticole de la région
Le soleil symbolise la position de la ville dans la partie
la plus occidentale de la plaine de la Mitidja.
Chant de guerre composé probablement par le poète-combattant Boutheldja.
"Nous sommes Hadjoutes, nous sommes gens de coeur,
nous avons vendu nos âmes à Dieu,
et nous méprisons la vie.
Chez nous, le feu de l'hôte ne s'éteint jamais;
nous protégeons les faibles, nous dispersons les forts;
nos chevaux sont des aigles qui ploient les distances;
dans la mêlée, nous faisons voir nos lames,
nos longs fusils sont montés en corail,
nos balles font craquer les os,
et c'est par la poudre que nous répondons aux questions.
C'est nous qui rendons la Mitidja déserte
et qui bloquons les infidèles dans Alger;
c'est nous qui ravageons Boufarik et Blida,
les Beni Moussa, le Sahel et la Maison Carrée;
aucun chrétien ne peut s'y installer.
Nous combattons de jour, nous combattons de nuit,
et nous faisons avaler le fiel
aux Français, aux renégats, ainsi qu'à leurs généraux !
si vous saviez par combien de poursuites nous les avons essoufflés!
C'est nous qui soutenont le fis de Mahieddine Abdelkader
Ce sultan qui rend fous les roumis.
Que de fois ne leur a-t-il fait verser des pleurs de rage!
Que de fois ne leur a-t-il pa fait grinler les dents!
Il leur a bien souvent brûlé le foie!
Son nom, jamais les Français ne pourront l'oublier:
il est inscrit dans leurs désastres;
ils le retouvent chez leur "papasse" égaré
quand ils débattent leurs intérêts,
lorsque les veuves se remarient,
quand les orphelins partagent les successions,
partout enfin, les chefs mêmes l'apprennent à leurs enfants.
Toute chose vient en son temps!
s'il plaît à Dieu, avec le Sultan, les Khalifas et ses troupes,
suivis par d'innombrables guerriers,
beintôt nous chasserons les Français d'Alger,
oui, nous passerons les mers sur des barques,
nous descendrons chez eux, nous nous vengerons;
chaque jour sera pour nous un spectacle nouveau;
nous prendons Paris, nous nous y réunirons,
puis nons nous emparerons des autres Etats,
et nous leur apprendrons l'unité du vrai Dieu"
Commentaires (5)
- 1. | 23/01/2013
- 2. | 19/09/2012
- 3. | 16/05/2010
- 4. | 26/11/2009
- 5. | 20/05/2009
et bon courage pour ce qui viens
Bien avant, Phéniciens, Romains et Vandales virent se briser leurs rêves dominateurs sur les récifs de l’expugnable mont du Chenoua. L’association culturelle «Le cercle de l’âge d’or» a, en date du 12 janvier 2013, coïncidant avec l’année amazighe d’Yennayer, eu la main heureuse en organisant au niveau de la belle salle de conférences de la commune de Hadjout, une rencontre à visée mémorielle consacrée au rôle du clan El Barkani dans la résistance à l’occupation coloniale de l’Algérie. Même si l’attache généalogique des intervenants avec les acteurs de l’époque et dont il sera question dans le propos, était évidente, il n’en demeure pas moins que la mémoire collective ne peut à elle seule, contenir dans l’oralité des trésors identitaires dont seule la transcription, peut soustraire à l’injure du temps. Mme Nora Sari Zertal, enseignante, maitre Nadir Bekkat Berkani, avocat et M. Kelil Lacène, chimiste/enseignant et président de l’association, ont réussi avec brio à cristalliser autour de l’objet débattu, l’attention d’une assistance intellectuellement triée sur le volet.
Les dames, relativement nombreuses, battaient en brèche par leur forte présence et leurs interventions, cette dominance machiste et surfaite du sexe opposé. Le seul point noir à l’indicatif de cette rencontre, a été, sans nul doute, la présence ignorée de petites girls-scouts et boy-scouts sagement assis qui ne devaient pas bien saisir les discours faits dans la langue de Molière. Une défaite posthume et de plus pour les Berkani et consorts dont la résistance à l’occupant est le principal sujet de cette manifestation. M. Boualem Benhamouda, moudjahid et ancien ministre et invité d’honneur, sauva quelque peu la mise par sa courte intervention en langue arabe ce qui n’enleva rien à la teneur historique de l’évènement. Bien au contraire.
Diaporamas à l’appui, M. Lacène, premier intervenant, brossa un tableau sur la saga des Brakna venus de leur lointain «Trab El Brakna » en Mauritanie du Nord pour s’installer d’abord, en Andalousie puis au Magreb central ensuite. L’Inquisition catholique, menée par Isabelle de Castille et Ferdinand d’Aragon les en débouta en 1492, tout comme leurs coreligionnaires de l’époque. Les Brakna fuient le paradis perdu pour rejoindre le Rio d’El Oro (actuel Sahara occidental). L’exode a eu du bon pour beaucoup, car ils purent côtoyer, des savants et des exégètes de l’Islam. Ils se familiarisèrent au mysticisme religieux pour ensuite, porter la bonne parole dans ce Maghreb central plongé dans la pénombre du déclin. Abdallah, un des petits fils du patriarche à la tête de la tribu éponyme quitta Sakiet El Hamra, fait le parcours inverse de ses ancêtres Hassanites venus de leur lointain Hidjaz dit-on.
La première halte se fera autour de 1520 à Médèa, ville fondée par les Zirides. Mohamed El Barkani, y mourra en 1550, sa notoriété religieuse lui fera ériger le mausolée connu jusqu’à ce jour et en fera le saint patron de la cité millénaire. Son fils M’Hamed, dont la descendance était composée de Aicha, Said et Moussa, s’installera quant à lui au pied du massif des Boumâad dans la tribu berbère des Beni Menaceur qui lui fit allégeance spirituelle et l’aida à ériger une grande zaouïa où l’on enseignait le Coran et les préceptes religieux qui seront à la base d’ailleurs, de cette opiniâtreté dans la résistance dont a fait preuve la tribu. C’est à partir de la zaouia que son descendant Mohamed Benaissa El Berkani lèvera une armée de combattants contre l’occupant et deviendra ainsi, l’un des principaux khalifa de l’Emir Abdelkader ; il constituera avec cet autre combattant de la foi, Mohamed ben Allal, neveu du chef spirituel El Hadj Mahieddine Es Seghir ben Allal ould Sidi M’barek, le fer de lance de la résistance des Hadjout dans la Mitidja. Cette tribu aurait disposé de 18.000 combattants sur un total de 60.000 âmes. Quant à maître Berkani-Bekkat dont la verve d’avocat transparaissait à travers son exposé, tint en haleine l’assistance toute ouïe. Prenant, délibérément, partie contre l’histoire, il affirme que le Khalifa Mohamed Benaissa El Berkani n’a pas eu la place et le rang qui lui reviennent de droit. Issue de la vieille dynastie Senhadja venue du Sud et d’en Menad en était l’aïeul, s’établira à Médèa, à Azazga et Miliana.D’aucuns rattacheraient le patronyme à la cité d’Aberkane dans le sud marocain, d’autres au teint foncé de l’aïeul. Aberkane : noir en berbère. Bien avant 1830, le clan des Brakna composé de 80 personnes disposait de 5000 hectares.
Ces derniers firent l’objet plus tard de séquestre, qui s’est transformé en dépossession par le juridisme inique du Senatus consulte (décret du sénat) de 1863. Et c’était là, le début d’une colonisation spoliatrice des biens des autochtones, devenus des indigènes sans terre.
En sa qualité de chef spirituel, il devenait de facto chef de guerre et levait ainsi 7000 combattants, pour participer, le 14 juin 1830, à la bataille de Staoueli. Et ce n’est en fait qu’en 1832 qu’apparut Abdelkader Ibn Mahieddine à l’issue de la«Moubaya» des trois grandes tribus de l’Ouest. Cet érudit que rien ne prédestinait au commandement, devenait à l’âge de 22 ans un interlocuteur politique et militaire respecté par ses propres adversaires. Précédé de sa réputation après sa victoire du 28 juin 1835 sur le général Trezel à la «Macta », il n’eut aucune peine à rallier à sa cause El Berkani et Mahieddine Es Seghir lors de leur rencontre de Djendel chez les Baghdadi. La résistance des Beni Menaceur, conduite par Abdelmalek Sahroui El Berkani, neveu du premier nommé, constitua le principal thème de la remarquable intervention de Mme Nora Sari. Richement documenté, le plaidoyer de la conférencière mené tambour battant, focalisa l’attention de l’assistance sur l’odyssée de ce héros victime expiatoire d’une colonisation sanglante nourrie par des lâchetés locales. Il mena la lutte sur les fronts, interne et externe pour subir, en guise de pénitence, lui et les siens les affres de la déportation. Né en 1801, mort en 1871, il consacrera 46 ans de sa vie à lutter contre l’occupant dont 16 au bagne de Sainte Marguerite au large de Cannes en Méditerranée, rendu célèbre par «Le masque de fer d’Alexandre Dumas ». La tribu des Beni Menaceur, est ce conglomérat de centres urbains, hameaux et mechtas occupant le pâté montagneux, situé entre Cherchell, Miliana et Hadjout. Elle était répartie sur plusieurs unités administratives, elle comprenait en 1871: La commune de Gourine appelée les Beni Menaceur Cheraga et dont les Brakna faisait partie, la commune de Sidi Sémiane comprenait les Beni Menaceur Ghraba, elles relevaient toutes deux du cercle militaire de Cherchell, les communes du Zaccar et Bou Maâd qui couvraient les Beni Menaceur Djebailya relevaient du cercle militaire de Miliana. La colonisation, appliquait par cette dichotomie, la règle d’or de la diversion : «Diviser pour régner ». Au nombre de quatorze fractions, les Beni Menaceur, fort de leur conviction religieuse et leur bon droit, s’opposeront, sous la houlette de Malek Sahraoui Tahar neveu de Sidi Mohamed Benaissa El Barkani, mèneront une résistance acharnée à l’occupation pendant près de quatre décennies. Après la nomination de son oncle par l’émir au poste de khalifa du Titteri, il devient de facto chef de la tribu.
Il assure l’intérim jusqu’en février 1842, date de son arrestation et de tout le clan. Cette glorieuse résistance, sera réprimée par le sabre et le feu. Et pour prévenir toute velléitaire résistance, on faisait recours à la captivité par la déportation collective. Cette captivité durera 16 ans pour les 94+1 membres du clan. Le 95è bagnard, était un bébé né pendant la traversée de la Méditerranée.
L’arrêté de déportation, daté du 10 février 1842, stipulera que la zaouïa sera rasée, les archives brulées et les biens mis sous séquestre. Ainsi, la politique de la terre brulée et de la déculturation faisait une entrée tonitruante. Cette stratégie, ne faisait que durcir encore, la position des bastions de résistance restés debout. On pouvait éteindre le feu, mais on n’étouffait, jamais, les braises.
Au début de 1844, Malek et sa famille sont transférés de Sainte Marguerite au camp de prisonniers de Bône en Algérie et ce jusqu’à décembre 1845. Il s’en évadera pour rejoindre la résistance des Beni Menaceur. Il sera, malheureusement, arrêté le 5 janvier 1854 et reconduit à l’ile Sainte Marguerite. L’élargissement des Braknia, ne sera prononcé qu’en 1858. De retour dans sa tribu, il fera un appel à la mobilisation des dix principaux chefs de tribus. C’est ainsi que par le biais du caid Braham El Bouzidi des Beni Zoui, vieux serviteur de la zaouïa El Berkania, il entrait en contact avec le caid Ahmed Ben Djelloul de la tribu Zatima et avec les chouyoukh de Gouraya et des Larhat. Ainsi conforté par les adhésions, le soff des Brakna pouvait lancer le «Djihad ». Les multiples raisons de l’insurrection, selon l’historien Louis Rinn et d’après les rapports militaire consultés par la conférencière, ne furent en réalité que des prétextes au soulèvement. La cause cardinale était de débouter l’occupation française hors du territoire des Maures. Le 13 juillet 1871, la guerre sainte est proclamée à 15 kms au sud de Cherchell, au marché de Souk El Had des Beni Menaceur.
Louis Rinn en dit en substance, nous citons : «Là, on se sentit en nombre ; le Djihad fut demandé à grands cris et voté par acclamation ; il fut décidé que le lendemain on marcherait en 3 colonnes, sur Novi (Sidi Ghilès), Cherchell et Zurich (Sidi Amar). Malek n’assistait pas à la réunion, mais il n’était pas loin. La foule alla le chercher, il fut entouré et acclamé et mis en demeure de prendre le commandement du Djihad » Fin de citation. Les escarmouches, les pillages et les attaques allaient durer du 14 juillet au 21 aout 1871 soit 38 jours. La révolte ne s’arrêtera pas, cependant, avec la mort de Malek Sahraoui Tahar El Berkani qui eu lieu le 2 août près de Zurich. Ainsi s’achève la glorieuse saga d’une famille, partie des bords du fleuve Sénégal pour une hasardeuse épopée et qui près de 4 siècles plus tard, est encore mise en opposition avec des soudards croisés dont elle a subi la persécution en Andalousie post islamique. [b][/b]